Nous sommes les kisikus, branche aînée du groupe local de Clermont Ferrand des Eclaireuses et Eclaireurs Unionistes de France.
Nous préparons un projet fabuleux pour cet été : aller à la rencontre des Saamis en Scandinavie, dernier peuple autochtone d’Europe, autrement appelés “Lapons”.
Nous avons eu la chance d’interviewer Marie Roué, directrice de recherche émérite du CNRS, spécialiste française des Saamis.
Suivez cette interview en 9 épisodes pour découvrir ce peuple, sa culture et ses enjeux.
Chaque semaine un nouvel épisode !
Episode 5 : Quel est le rapport des Saamis avec la Nature ?
Florence : Comment peut-on expliquer le rapport que les Samis ont avec la nature, même si vous avez déjà commencé à répondre ?
Marie Roué : Écoutez, je pense que tous les peuples, notamment les peuples autochtones, dépendent largement de leur environnement, comme le faisaient d’ailleurs nos ancêtres. Leur religion était également liée à ces autres êtres non humains. Cependant, le chamanisme, qui était répandu dans tout le Nord et l’Arctique, a disparu sous la pression d’une colonisation et d’une christianisation particulièrement vigoureuses, pour être gentil. Cela fait déjà plusieurs siècles. Leur relation à l’environnement a perduré, car ils dépendent toujours de la pêche et de la chasse. Mais, de nos jours, ces activités ne suffisent pas toujours à assurer un revenu. Comme nos paysans, ils ont souvent des activités variées. Souvent, c’est la femme qui a un métier différent et qui rapporte un salaire. Parfois même, un éleveur, pendant les périodes où il y a moins à faire, comme l’été par exemple, travaille sur les routes ou exerce un autre métier. Beaucoup de Samis en Laponie sont également impliqués dans la vie moderne : garages, librairies, banques, magasins, hôtels, etc. Ce que vous ne verrez pas forcément, surtout ne revenez pas en disant, comme certains touristes me le disent, « j’ai traversé toute la Laponie et je n’ai pas vu un seul Sami », car ils s’attendent à ce qu’ils portent leurs vêtements traditionnels lors des fêtes ou des cérémonies religieuses, mais pas dans la vie quotidienne. J’oubliais les grandes villes, où une grande population sami réside, notamment dans des capitales comme Oslo ou Stockholm. Ces endroits sont souvent perçus comme les plus peuplés de Samis. Jusqu’à une période récente, cela ne se voyait pas forcément, car l’identité sami était tellement méprisée que ceux qui s’étaient installés dans les grandes villes n’osaient pas la revendiquer. Récemment, plusieurs films remarquables de jeunes réalisatrices samies ont mis en lumière des scènes où une grand-mère ou une grande-tante avoue, quasi sur son lit de mort : « En fait, je suis Sami. » La petite-fille, prenant conscience que sa grand-mère est Sami, se dit alors : « Si ma grand-mère l’est, il est probable que je le sois aussi », et réalise tout à coup son identité qu’elle ignorait totalement jusque-là.
Laisser un commentaire