Mini-conférence de Joseph lors de la soirée du 16 mai.
Reconnu au niveau international depuis maintenant presque 40 ans, le peuple Saamis a, depuis toujours, été victime de discriminations de sa culture différente. Ce fut d’abord le colonialisme du XVIIIe siècle qui lui associait l’image du « bon sauvage » puis le racisme subi après une pseudo-décolonialisation et aujourd’hui le néo-colonialisme dont font preuve les partis d’extrême droite du Grand Nord. Depuis une vingtaine d’années, ce phénomène s’est accéléré suite aux vagues d’indignation face aux politiques de réparation des violences faîtes à ce peuple autochtone qui selon certains restreindraient les libertés des « vrais » Norvégiens, Suédois et Finlandais. Ainsi, on peut aujourd’hui observer ce racisme sur deux échelles : au niveau des politiques et au niveau populaire.
Au niveau politique, il s’observe à travers la montée en puissance de ces fameux partis d’extrême droite. En Suède, le SD a fait de la rectification des législations assurant un minimum de droits aux Saamis son combat au travers d’une version révisionniste de l’Histoire de ce peuple. Selon lui, les Saamis seraient arrivés en Suède après le peuple Suédois et n’aurait donc jamais été les colonisés mais bien les colons, ou, dans le meilleur des cas, des migrants. On reconnaît bien là une manœuvre commune de l’extrême droite visant à discréditer une minorité pour asseoir le pouvoir d’une majorité ethnique, religieuse ou sexuelle en discréditant et bafouant son histoire et sa présence sur le territoire. En oppressant ainsi cette minorité, elle prétend protéger les droits des honnêtes citoyens lésés par la présence de celle-ci. La question revenant beaucoup est celle du droit de la terre. Les Saamis espérant récupérer leurs territoires ancestraux confisqués par les colons Suédois, Norvégiens et Finlandais ou au moins protéger le peu qu’il leur reste, le problème étant qu’aujourd’hui elles sont soit occupés par des populations soit exploités par des entreprises minières et sylvestres, représentant donc un important enjeux économique. Le peu de terres récupérées grâce aux diverses législations favorables sont alors représentées comme arrachées des honnêtes citoyens par les partis d’extrême droite.
Par exemple, en Norvège, l’extrême droite locale réclame la suppression du parlement Saamis, Saamdiggi en langue saami, organisme démocratique permettant aux Saamis d’élire des députés issu de leur peuple pour gérer les différentes affaires de ce peuple et ses relations avec l’État et les particuliers. Il est notamment très important sur la question du droit à la terre et des espaces de pâturages des troupeaux de rennes. Le problème étant que face à de telles allégations, aucun parti politique de gauche ou du centre n’ose prendre la défense des autochtones. La seule vision politique vis à vis de la situation des Saamis est donc celle de l’extrême droite.
C’est donc à travers le nationalisme et le protectionnisme que l’extrême droite s’attaque au droit autochtone.
Au niveau populaire, ce racisme s’observe surtout autour de la mise à l’écart des Saamis. Dans les grandes villes, ceux-ci vivent entre eux, dans des quartiers saamis comme on retrouverait des quartiers asiatiques, indiens ou turcs dans d’autres pays. En campagne, cette mise à l’écart est encore plus marquée, les Saamis vivent soit à l’écart du village soit dans des villages Saamis mais le mélange Saamis Scandinaves est mal vu. De nombreux citoyens se sentent trop différents culturellement de leurs voisins, n’ont pas le sentiment de partager grand-chose à part leur territoire. C’est d’ailleurs ce territoire qui pose problème, les terres ancestrales revendiquées par les Saamis sont aujourd’hui bien souvent occupées par d’autres populations. Or, à leur échelle, ces populations ont toujours vécu ici, la colonisation étant assez ancienne, les terres occupées ont vu naître plusieures générations descendant des colons. Arrive alors un sentiment d’injustice, « on essaie de m’évincer de la maison que mon grand-père a construite » pourrait se dire un Norvégien, un Suédois ou un Finlandais. Les partis d’extrême droite jouent bien évidemment sur ce ressentiment qui est aussi la raison du silence de la gauche qui craint de perdre des voix en s’opposant au ressentiment du peuple.
Ce ressentiment devient donc le terreau de violences dirigées envers les Saamis. L’élévage de rennnes étant la principale activité de ce peuple, certains chasseurs vont par exemple braconner ces rennes, faire diminuer la taille des troupeaux petit à petit dans l’optique de les chasser définitivement du territoire. Un autre exemple plus concret fut celui du 21 mars 2020, journée internationale contre le racisme. A cette occasion et à travers toute la Suède, on a pu observer une gigantesque vague de racisme anti-Saamis. Des députés du Saamediggi menacés de mort, nombre record de rennes tués voire exposés en place publique, panneaux en langue Saamis arrachés et agressions sur l’espace public, cette journée restera comme une de celles ou ce racisme aura été le plus observable.
Ainsi, il existe déjà un racisme effectif au niveau populaire et un autre qu’on pourrait estimer de moins dangereux au niveau institutionnel puisque pas encore présent à de trop haut niveau dans la hiérarchie gouvernementale. Néanmoins, on observe une montée des partis d’extrêmes droites partout en Europe et dans le monde. Dans certains, elle en est même déjà à la tête. Ainsi, il est légitime de s’inquiéter pour la cause Saamis qui rencontrera probablement de plus en plus d’adversité dans le futur. Etant le dernier peuple autochtone d’Europe il est pourtant nécessaire de le protéger, notamment sa culture unique.
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