Interview Marie Roué Ep 3

Nous sommes les kisikus, branche aînée du groupe local de Clermont Ferrand des Eclaireuses et Eclaireurs Unionistes de France. 

Nous préparons un projet fabuleux pour cet été : aller à la rencontre des Saamis en Scandinavie, dernier peuple autochtone d’Europe, autrement appelés “Lapons”. 

Nous avons eu la chance d’interviewer Marie Roué, directrice de recherche émérite du CNRS, spécialiste française des Saamis. 

Suivez cette interview en 9 épisodes pour découvrir ce peuple, sa culture et ses enjeux. 

Chaque semaine un nouvel épisode ! 

Episode 3 : Pourquoi avoir choisi d’étudier cette culture ? 

Celtill : Une des questions que nous nous sommes posées, et moi peut-être un peu plus particulièrement, c’est pourquoi avoir choisi d’étudier cette culture en particulier plutôt qu’une autre ?

Marie Roué : Je ne suis pas sûre qu’on choisisse vraiment. En tout cas, à 20 ans, je doute que les choix que l’on fait soient vraiment conscients. C’est plutôt une question d’inclinations, d’intérêts. Par exemple, j’ai passé une première année en Afrique du Nord, pensant peut-être travailler en Tunisie. Mais ma relation avec les populations faisait que je ne me sentais pas du tout à ma place. Je n’étais pas capable de travailler dans un pays qui venait tout juste d’être colonisé par nous, où les relations étaient un peu étranges. On me recevait de manière sympathique, mais trop respectueuse à mon goût, surtout à 19 ans. Et puis, je voyais que les femmes étaient confinées à des rôles bien définis. Cette dynamique me mettait mal à l’aise. En revanche, chez les Samis, où il fallait couper du bois et dormir par terre, je me sentais bien. J’ai sans doute aussi été attirée par la beauté de ce pays, ses toundras, ses arbres nains, ses lacs, et ses innombrables petites étendues d’eau. Je m’y suis attachée. Je me suis aussi attachée à des gens, à une famille. D’ailleurs, je travaille encore aujourd’hui en partie avec cette famille, qui est maintenant à la quatrième génération. J’ai connu les grands-parents, la génération des parents, des oncles et des tantes. Aujourd’hui, leurs enfants, qui sont maintenant pères et mères de famille, poursuivent l’engagement. Et il y a aussi une nouvelle génération, dans la vingtaine, qui s’investit dans diverses activités. Lorsque je vais sur la côte, c’est parce qu’une des jeunes filles que j’ai connue lorsqu’elle était toute petite, et qui est désormais mère de famille, a épousé un Sami de la côte. Ainsi, je suis passée du Sami des rennes au Sami de la côte. C’est donc une relation qui fait partie intégrante de ma vie.


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