Nous sommes les kisikus, branche aînée du groupe local de Clermont Ferrand des Eclaireuses et Eclaireurs Unionistes de France.
Nous préparons un projet fabuleux pour cet été : aller à la rencontre des Saamis en Scandinavie, dernier peuple autochtone d’Europe, autrement appelés “Lapons”.
Nous avons eu la chance d’interviewer Marie Roué, directrice de recherche émérite du CNRS, spécialiste française des Saamis.
Suivez cette interview en 9 épisodes pour découvrir ce peuple, sa culture et ses enjeux.
Chaque semaine un nouvel épisode !
Épisode 8 : Quels sont les dangers qui menacent les Saamis ?
Celtill : Quels dangers ou potentiels dangers auxquels font face les Samis actuellement ou dans un futur proche ?
Marie roué : Les Samis vivent une époque difficile. Même si le racisme et les jugements négatifs ne sont pas toujours exprimés de manière directe, ils prennent souvent la forme de messages violents sur les réseaux sociaux. Par exemple, après une victoire judiciaire importante contre l’État, après plusieurs années de luttes en Suède et en Norvège, des attaques haineuses se propagent rapidement sur ces plateformes.
Malheureusement, les Samis n’ont pas la possibilité de revendiquer une identité politique forte. Aucun pays ne reconnaît leur droit de propriété sur leurs terres ancestrales, qui leur ont été arrachées depuis des siècles. Comme le décrit Mme Labat dans son livre, leurs droits sont limités à des droits d’usage, mais pas de propriété.
Prenons l’exemple des Samis de Suède, qui passent leurs hivers dans les forêts. Ces forêts, autrefois protégées, sont désormais vendues à des entreprises privées et à l’État. Les droits d’usage, en conflit avec les droits de propriété, mettent les Samis dans une position précaire. Imaginez les rennes, creusant la neige pour trouver leurs lichens dans ces forêts, où des machines dévastent tout sur leur passage. Les lichens, qui prennent 30 à 50 ans à repousser, sont ainsi détruits, et les conditions de vie des Samis deviennent insoutenables.
L’exploitation minière, les projets d’éoliennes et d’autres industries internationales, comme le pétrole, le gaz, ou même les projets hydroélectriques, empiètent sans cesse sur leurs territoires. L’idée des éoliennes, qui peut sembler positive pour le développement durable, prend une autre tournure lorsqu’elles sont installées dans les zones où les Samis vivent, accumulant les impacts négatifs sur leurs terres. En Norvège, par exemple, un procès a été gagné par les Samis, mais l’État et les entreprises ont continué de construire des éoliennes pendant que le procès était en cours. Aujourd’hui, ces éoliennes fonctionnent illégalement, malgré la décision des juges.
Les jeunes Samis, déterminés à faire entendre leur voix, manifestent devant les parlements et dans les médias. Mais leur combat ne s’arrête pas là : l’État impose des restrictions à l’élevage du renne, obligeant certains éleveurs à abattre une partie de leur troupeau. Ces mesures mettent en péril leur avenir et celui de l’élevage traditionnel. Mais malgré tout, les Samis font preuve d’une grande résilience.
Ils réussissent à préserver leur identité et leurs traditions. Beaucoup de jeunes, formés dans des universités à travers le pays, reviennent dans leurs communautés pour reprendre l’élevage, parfois en parallèle d’autres activités. Les liens familiaux restent forts et ils continuent à travailler ensemble, entre traditions et modernité, pour faire vivre leur culture.
Même ceux qui, après des études à l’extérieur, reviennent au pays pour y vivre, savent qu’ils risquent de perdre une part de leur identité s’ils se noient dans une grande ville. Leur attachement à la terre et aux paysages est une force puissante, et leur volonté de vivre selon leurs propres valeurs persiste.
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